*Au moins pendant quelques temps. Au bout d’un moment,
ils comprendront que vous êtes un malade ; mais rien n’est éternel,
et vous pourrez toujours trouver d’autres groupes. |
Et le plus beau dans tout ça, c’est que vos joueurs se
laisseront faire.*
Parce qu’ils veulent une lutte âpre et loyale, des défis
difficiles à relever.
Lancez les dés derrière
l’écran… et mentez.
C’est une évidence, alors je ne vais pas approfondir.
La plupart des MJ font leurs jets derrière un écran, de façon à ce que les
joueurs ne puissent voir le « mécanisme » en action. Ceux-ci présument
généralement que si le MJ truque
un jet, ce sera au bénéfice des joueurs, pour les protéger d’une mort
injuste ou arbitraire.
(C’est la bonne vieille théorie du « Je ne tue
un des PJ que s’ils font n’importe quoi et le méritent »)
Le principe est d’expliquer auparavant aux joueurs que
vous pensez que que le réalisme doit être total pour que la partie ait un
sens – et que par conséquent vous ne truquerez jamais un jet pour tricher
en faveur des joueurs.
Et entraînez-vous à dire sans broncher: « Désolé,
[Machin], l’orc a obtenu un 20 naturel au toucher… ».
Comprenez les règles
de résurrection
En médiéval-fantastique, les sorts ou les rituels de résurrection
et de réincarnation sont trop
souvent utilisées par des MJ sans volonté pour permettre aux joueurs d’échapper
aux conséquences de leurs actions.
Ne les laissez pas faire. Lisez les règles, et quand les
joueurs essaient une action de ce genre, appliquez-les strictement et
rigoureusement.
« Tu veux
dire que je suis passé d’un berserker de deux mètres à un
putain de canard ? Eh bien je dis à cet enfoiré de prêtre de réessayer,
ici et maintenant ! »
« Le prêtre
ne comprend pas. Il ne parle pas aussi bien le *coin-coin* que toi ! »
En fait, tuer quelqu’un, l’autoriser à être
ressuscité sous une forme pathétique et inutile, puis le massacrer à
nouveau peut être carrément plus drôle qu’une mort honnête et digne :
« Quoi, tu
veux dire que les gardes qui m’ont capturé… vont tout simplement me tuer ? »
« Non, pas
tout de suite… ils mélangent encore les herbes et les épices. »
Pièges
mortels
Les pièges sont toujours une bonne façon d’imposer
impitoyablement votre réalité aux joueurs. Il y a quelques façons de les
envisager :
SUBTIL, AVEC UNE SOLUTION IMPLICITE
Cette forme de piège
se déclenche sans que les joueurs ne puissent réaliser pourquoi. Ils
vont bien sûr supposer qu’il y avait quelque chose à remarquer ou à
comprendre mais qu’ils n’y sont pas parvenus. Détaillez un maximum.
Vous entrez dans la
salle. Les murs sont recouverts de gravures de créatures fantastiques, et le
sol est fait de panneaux de marbre poli. Au centre de la pièce se trouve un
autel doré, avec la statue d’un serpent à plusieurs têtes en façade.
Soudain, de puissants jets de flammes surgissent de plusieurs des bouches des
créatures, engloutissant complètement la pièce dans les flammes. Jets de
sauvegarde, tout le monde ?
Le mieux est de laisser les joueurs réfléchir eux-mêmes
à ce qu’ils ont pu manquer, comme il a été décrit dans la phase III de Maîtriser avec que dalle.
S’ils arrivent à trouver une explication plausible…
…le serpent avait
trois têtes, et dans l’ancien culte ka-ga-ree le serpent est un symbole
protecteur, ce qui signifie que seules trois personnes pouvaient entrer sans
danger dans la pièce. Nous étions quatre donc nous avons déclenché le piège…
…approuvez d’un air entendu, comme si vous étiez
satisfait qu’ils aient trouvés la solution au problème que vous leur avez
soumis. (En réalité vous souriez en imaginant leurs personnages titubants,
horriblement mutilés).
Il est vital que vous donniez l’impression qu’il ne
s’agissait pas d’un piège mortel arbitraire, mais qu’ils se sont plantés
en manquant un indice.
CARREMENT SALAUD
Le meilleur exemple de ce type de piège est celui que
j’ai lu dans un vieux fanzine des années 80 que j’adorais lire, nommé Balrog
Banter (D’ailleurs, si quelqu’un est en contact avec quiconque
publiait cette revue, merci de demander de me contacter).
Le piège consistait en une porte verrouillée, avec un
profond trou cylindrique dans le mur à côté, au fond duquel se trouvait un
bouton.
Un personnage crédule, pensant qu’il s’agit là,
soit de la sonnette, soit du bouton d’ouverture, mettrait son bras dans
l’ouverture (large d’environ dix centimètres et profonde de soixante
centimètres) et appuierait sur le bouton. A ce moment, une lame tomberait
soudain,
tranchant net son bras.
Maintenant, il est vrai qu’un personnage a peu de
chances de tomber dans ce piège, mais imaginez à quel point ce serait
jubilatoire s’il le faisait. Ce personnage serait estropié de façon définitive
(pas de points de vie à soigner sur ce coup-là), et les joueurs sauraient
que c’est entièrement à cause de leur propre stupidité.
Evitez seulement de vous réjouir trop ostensiblement.
Note : vous devrez vous servir de cette sorte de piège
avec beaucoup de parcimonie, sans quoi les joueurs commenceront à se poser
des questions sur votre état d’esprit (et l’équilibre de vos donjons).
Scénarios
“du commerce”
Le problème de l’utilisation d’un scenario rempli de
pièges mortels (et autres joyeusetés mesquines de ce genre), c’est que les
joueurs ne tarderont pas à se lasser de vos donjons “mortels”, et
refuseront de jouer.
Vous pouvez repousser cette échéance en utilisant des
scénarios du commerce. Vos joueurs seront beaucoup plus à même d’accepter
les évènements déplaisants d’un scénario, s’il a été écrit par un
tiers impartial.
Bon, bien sûr, quand nous parlons « d’utiliser »
des scénarios publiés, par « utiliser » nous entendons de temps
en temps attraper et ouvrir votre scénario publié, y jeter un coup d’œil un
moment, marmonner « mmmm » et confronter
vos joueurs à une scène directement issue de votre imagination dérangée
et qui n’a absolument rien à voir avec quoi que ce soit qui figure dans les
pages du livre.
Astuce : quand vous faites semblent de lire un scénario,
soyez certains de le tenir dans le bon sens. Rien ne réduit la crédibilité
à néant plus vite que de faire semblant de lire un livre à l’envers.
Descriptions
évocatrices
Expliquez à vos joueurs – avant de commencer à jouer
– que votre technique de maîtrise implique des descriptions détaillées de
ce qui arrive à leur personnage, ce qui leur permettra de se sentir complètement
immergés dans la réalité du scénario.
Puis décrivez en détail tout ce qu’ils auraient sans
doute préféré passer sous silence.
Par exemple, pour reprendre l’exemple précédent :
« Ok Torven,
tu passes le bras par le trou et appuies sur la *sonnette* » [ne ricanez
pas maintenant]. « Fais un jet de sauvegarde contre la douleur…raté ? »
Vous continuez la
description.
« Au moment où
Torven presse le bouton, une énorme lame vient frapper son avant-bras. Il
pousse un hurlement, comme une fille, et recule en titubant, révélant un
moignon ensanglanté là où se trouvait son bras. Sans cesser de crier, il
tourne sur lui-même, arrosant chacun d’entre vous de torrents d’un sang
épais et poisseux. »
« Torven,
peux-tu faire un test de Dextérité… raté ? » [NdT : là
ça devient carrément et délicieusement sadique ;-) !]
Vous reprenez la
description.
« A présent,
le sol carrelé est couvert du sang de Torven, et alors qu’il effectue un
nouveau tour sur lui-même, il glisse sur une des flaques. Il s’écroule au
sol, écrasant le contenu de son sac à dos, y compris l’œuf de dragon que
vous étiez venus chercher. A ce moment, Torven, tu entends des couinements,
tu vois sept rats émerger des restes de meubles brisés sur le côté gauche
de la pièce. Leurs moustaches frémissent d’excitation lorsqu’ils
commencent à lécher le sang répandu. »
Maintenant que nous avons vu ce que vous pouviez faire
avec votre scénario, examinons ce vous pouvez faire pour votre vie sociale.
Les
femmes
Il ne s’agit pas ici d’expliquer comment humilier les
femmes, en partie parce que je n’aime vraiment pas l’idée d’écrire là-dessus
mais surtout parce que humilier une femme n’est vraiment pas un truc à
faire quand vous essayez de la convaincre de coucher avec vous. Ce qui, en
tant que polard pathétique et étrange, est certainement un de vos objectifs
à long terme. Vous êtes un polard si vous cherchez dans cet article de véritables
conseils, plutôt que pour rire… mon dieu, dites-moi que vous ne lisez ceci
que pour rire.
Cette partie traite de la façon d’utiliser les femmes pour humilier
les joueurs masculins.
Les femmes lisant ceci pourraient ne pas connaître un
certain principe, que je vais donc rappeler ici :
“Le degré d’humiliation subi par un mâle du fait
d’un échec public de l’affirmation de sa virilité (comme ne pas parvenir
à tuer un buffle, à remporter une joute, à accrocher une étagère sur un
mur, ou faire démarrer cette satanée bagnole par une froide matinée) est
multiplié par un facteur d’environ cinq si des femmes en sont témoins, et
par dix si elles éclatent de rire.”
Oui, nous (les hommes) sommes pathétiques à ce point.
Je peux illustrer mon propos (oui je m’écarte du sujet, mais c’est
mon fanzine, je fais ce que je veux) avec une anecdote (malheureusement vraie)
datant de mes années d’école.
C’était l’été, et nous étions en cours d’E.P.S
(Education Physique & Sportive). Puisque c’était l’été, le sport
que nous pratiquions était l’athlétisme. Etant donné que l’athlétisme
est composé de plusieurs disciplines différentes, nous avions le choix de
pratiquer celle que nous préférions (il me semble que nous devions choisir
entre saut en longueur, course, lancer de poids ou javelot).
Cela peut sembler être un choix simple, mais si vous essayiez de
concevoir un programme de modélisation d’une population d’une soixantaine
de garçons de 13 ans et de leurs choix, vous découvririez qu’en vérité
c’est un problème très complexe, plus encore lorsqu’on en arrive à la
dizaine de garçons les plus empotés (et devinez quoi, j’en faisais
partie).
Dans ce cas, vous avez à prendre en compte deux facteurs très différents
dans votre tentative d’éviter l’humiliation :
a) Votre degré de performance dans chaque sport -
que vous connaissez (dans mon cas c’était respectivement mauvais, mauvais,
très mauvais et très mauvais,).
b) Les sports que les autres garçons vont choisir,
ce qui est très difficile à prévoir.
En général, vous vous fichez de faire un sport dans lequel vous êtes
particulièrement mauvais, à partir du moment où seuls vos amis vous
regardent vous planter. Donc, nous avons mené une réunion remue-méninges
avec mes amis tout aussi empotés.
Notre choix : le javelot.
Nous étions tous lamentables en la matière, mais nous
supposions que les bourrins choisiraient le lancer de poids, et que les
sportifs opteraient soit pour la course, soit pour le saut en longueur.
Et nous avions raison. Tandis que nous nous éloignions
vers un coin du terrain, nous avons réalisé que nous étions seuls avec le
prof.
C’est alors que tout est allé de travers. Quelqu’un avait eu
l’idée géniale (peut-être pour faire au mieux avec un nombre limité de
professeurs, mais plus probablement dans une tentative maladroite d’éducation
mixte) qu’à partir du moment où une fille avait envie de faire du javelot,
il était logique qu’elle se joigne à notre groupe.
Avant que toutes les femmes ne tentent de m’étrangler,
je voudrais juste faire remarquer que ce n’était pas sa présence qui me
posait problème (bien que ça ne me rendait pas particulièrement joyeux). Ce
qui me dérangeait radicalement c’était que les enseignantes d’EPS
avaient ramené avec elles près de 30 filles pour regarder.
Vous avez bien compris. Pour regarder.
Elles ne lançaient pas le javelot. Elles ne faisaient rien du tout.
Leur cours d’EPS consistait à s’asseoir sur l’herbe et à regarder
d’autres personnes lancer un javelot.
Ou plutôt, dans notre cas,
complètement rater le lancer de javelot.
C’était horrible.
La fille (Jennette, une fille que de détestais tout
particulièrement en raison de son passe-temps favori qui consistait à se
foutre de moi chaque fois qu’elle le pouvait) lança en premier.
Elle prit son élan, lança son javelot, et cette saleté de truc
s’envola sur près de trente mètres. Evidemment, ça parait pitoyable si on
le compare aux Jeux Olympiques, mais en ce jour d’été, sur ce terrain, ça
faisait une sacrée distance.
Puis ce fut mon tour.
Je pris mon élan, trébuchai et plantai mon javelot à
guère plus d’un mètre.
Le reste de l’après-midi continua dans la même veine. C’était
comme une humiliation rituelle pour chacun d’entre nous. Je crois que le
meilleur d’entre nous est parvenu à environ cinq mètres.
Je me dis que les enseignantes d’EPS ont peut-être
essayé de donner une sorte de cours de confiance en soi aux filles, leur
montrant comment une fille compétente peut largement dominer et humilier un
groupe de garçons.
(Bon, je suis sans doute à côté de la plaque, mais je me demande
toujours pourquoi l’heure de cours d’EPS d’une trentaine de filles a
consisté à être assises sur l’herbe sans rien faire).
Peu importe, j’en ai fini
avec ma tragédie personnelle.
Là où je voulais en venir est que s’il y a une chose
que le mâle moyennement sûr de lui déteste plus que d’être humilié,
c’est d’être humilié devant une femme, et plus particulièrement devant
une femme qu’il aurait bien aimé séduire (s’il ne s’était pas
ridiculisé devant elle).
Maintenant, tous les hommes ne sont pas sensibles à cette technique.
Il faut repérer la bonne cible (c’est mieux s’il n’est pas gay par
exemple).
Imaginez que Linda crée une prêtresse, et que Ken, qui
a des projets pas très nets à son sujet, crée un grand et puissant barbare,
qui accompagne la prêtresse partout, se comportant comme son garde du corps
(c’est le genre
de chose déplorable que je ferais sans doute s’il y avait des femmes
dans mon groupe de joueurs).
Dans ce cas, vous pourriez mettre en place une scène où un PNJ
pourrait faire des avances outrageuses et importunes à la prêtresse de
Linda. Le barbare de Ken s’avancerait alors pour défendre son honneur, et
se ferait tailler en pièces de façon fort embarrassante…
Ken ne serait clairement pas
des plus joyeux.
Note : Linda n’aura probablement pas une bonne opinion
de vous à ce moment. En fait, elle pensera sans doute que vous êtes un c--
fini. Donc vous devez évaluer votre désir d’humilier Ken, et le comparer
avec celui de coucher avec Linda. Il est intéressant de noter qu’on peut
considérer là qu’il s’agit d’une sorte de
test permettant de savoir à quel point vous êtes un psychopathe
(devant un pareil choix, les mecs normaux préfèreraient impressionner Linda
plutôt qu’humilier Ken).
Eliminer
les autres MJ
Pour que vous ayez le contrôle total de votre groupe, le
mieux est d’être le seul MJ.
Bien ; il y a plusieurs méthodes pour éliminer définitivement
les autres MJ potentiels, mais elles sont susceptibles de vous donner
l’opportunité de rester quelques dizaines d’années à la disposition de
Sa Très Gracieuse Majesté (une condamnation à la prison à vie). Et vos
chances de trouver un bon groupe de rôlistes dans un quartier de haute sécurité
sont sans doute très limitées.
Donc posez ce pistolet…
Et ce revolver…
Et la corde à piano…
Et ce… bon sang, c’est vraiment une croix de bois de
deux mètres ? Mais quelle sorte de malade êtes-vous ? Posez ça…
Je voulais juste dire que vous devriez tenter de
dissuader les autres membres de
votre groupe de maîtriser. Il ne doit en rester qu’un…
En Conclusion
Je ne crois pas qu’il y ait une façon saine de
conclure cet article, alors je ne le ferai pas.
Si vous essayez d’appliquer n’importe laquelle de ces
techniques, ne me tenez pas au courant de la façon dont ça s’est passé.
Je ne veux pas le savoir.
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