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L'importance de la nourriture

Par Stephen ~runester~ Jarjoura

Des idées d'aventure autour de la table

[NdT1] une boisson aromatisée énergisante

La nourriture est sans doute quelque chose d’important quand on pense aux rôlistes. En fait, une séance de JdR qui ne serait pas interrompue par une pause pour un remplissage de verre (la caféine est vitale, la Moutain Dew [NdT1] populaire, et il s’avère que j’aime le Coca Light) et pour une livraison à domicile (le traiteur chinois a du succès, la pizza est un grand classique), serait à peine imaginable. Mais en ce qui concerne les personnages, la nourriture est soit considérée comme une pièce d’équipement nécessaire (à côté des pitons et de la boîte de bougies), ou comme un élément de décor aidant à la description d’une scène (la salle de banquet, encombrée par la carcasse d’un sanglier abattu, et les servantes versant de l’hydromel de leurs brocs en étain).

Dans la vraie vie, la nourriture est un élément essentiel de la culture, de la société et de la socialisation ; elle s’accompagne d’un ensemble complet de coutumes, d’histoires et de nuances. Un MJ malin pourra tirer parti de cela pour faire de la nourriture quelque chose de plus qu’un objet sur une ligne de la liste de l’équipement, que les joueurs doivent tenir à jour et se rappeler de racheter… ou un simple élément du décor que les joueurs découvrent lorsqu’ils découvrent une nouvelle scène. Le MJ pourra utiliser la nourriture et les repas comme des parts intégrantes de l’intrigue, faisant de quelque chose d’ordinaire une source de dangers nouveaux et d’opportunités.

Lors de mes recherches pour cet article, il m’est de plus en plus apparu que le sujet était… vaste…
Un travail de référence de 1000 pages serait probablement considéré comme un « survol ». Je ne suis pas en train d’exagérer ici. La nourriture est, a été et continuera à être une partie intégrante de la vie humaine, de la société, de la culture, de la loi, des coutumes, de la tradition, de la science, de la santé et de notre intérêt. Au lieu de ne serait-ce que tenter de faire cela… je m’efforcerai de pointer quelques idées que les MJ trouveront peut-être utiles quand ils voudront « épicer » leur campagne.

Au commencement

« La cuisine est une des plus vieilles activités de l’homme; en vérité, elle pourrait-être la plus vieille, au-dessus de l’instinct de survie animal. Au niveau de la société du chasseur-cueilleur nomade, cuisiner est très simple –tuer quelque chose, le jeter dans le feu avec les fruits et les légumes trouvés dans la journée, et manger. » [Extrait de : http://asiarecipe.com/cuisine.html]

Être complètement transportable (une nécessité pour les premiers chasseurs nomades) exclut tout four ou foyer. Même le plus simple des ustensiles ou accessoires de cuisine - pot, poêle ou l’élégant poêlon chinois - nécessite l’accès au métal et la capacité de l’extraire et de le modeler. Tout cela viendra plus tard. Au début, il y avait le bâton, le feu, et tout ce qui se mangeait partait se ficher sur le bâton et se mettre dans le feu.

Dans un groupe de l’Âge de pierre, on pense que la meilleure part de la viande revenait au chef. Le reste était distribué en fonction du rang. Ainsi, l’endroit où vous étiez assis (par rapport au chef) et la portion qui vous était attribuée étaient des signes publics significatifs de votre rang et de votre importance. Les coutumes sur qui faisait circuler la nourriture et quand on pouvait commencer à manger auraient été parmi les premières mœurs du temps du repas.

Tandis que les hommes étaient censés chasser et mesuraient leurs prouesses par leur capacité à ramener de la viande, les femmes et les enfants se chargeaient de la partie cueillette du « chasseur/cueilleur » et, ironiquement, il a été avancé qu’elles pourvoyaient à la plus grande portion des besoins nutritifs de la tribu. Les grains, les légumes, les fruits, les baies, les noix et les racines fournissaient l’essentiel de leurs calories.

Cela pourrait fournir un modèle pour des campagnes incluant des humains primitifs, des cultures de l’Age de pierre dans divers endroits reculés (type « monde perdu »), et des cultures primitives rencontrées sur des mondes extraterrestres. Un invité refusant la nourriture offerte par le chef ou la première femme du chef commettrait un affront grave, voire un crime. Prendre de la nourriture quand ce n’est pas son tour, ou manger de la nourriture qui a été attribuée à quelqu’un d’autre serait aussi un crime grave. On croyait certaines nourritures sacrées (les champignons hallucinogènes étaient de celles-ci) et des étrangers qui s’en empareraient ou les mangeraient attireraient certainement sur eux la colère de la tribu. Participer à une chasse était considéré à la fois comme un rite de passage et comme une expérience qui créait des liens. Cela pourrait être utilisé pour se lier d’amitié avec cette tribu, ou pour accéder à des secrets tribaux comme la caverne du shaman, etc.

Souvenez-vous; en ces temps où les hommes passaient toute la journée à chasser dans la nature et où les femmes soit s’occupaient de leurs enfants, soit cueillaient de la nourriture, soit prenaient soin de leur lieu de vie, le repas était le seul moment où toute la tribu se réunissait dans un cadre semi-formel. Elle y débattait des problèmes, prenait des décisions, partageait les cancans et des clans s’y formaient. Cela ne signifie peut-être rien pour nous, mais quelqu’un qui cherchait à comprendre l’organisation sociale pouvait dire qui s’entendait bien avec qui, qui luttait contre qui, qui faisait la cour à qui, et ceux qui étaient traité en étrangers par le groupe.

Les opportunités de roleplay sont énormes ! Vous pouvez jouer avec le dédale des coutumes, des tabous et des mœurs, tandis que votre groupe de Personnages-Joueurs tente de ne pas mettre en colère ni offenser la tribu. Vous pouvez utiliser les interactions humaines complexes pour faire avancer une intrigue ou un sujet, ou même pour que les personnages l’utilisent pour pousser la tribu dans une direction particulière. 
Par exemple, les personnages essaient de trouver des membres de la tribu qui leur montreront une voie presque impraticable vers un grand complexe de caves. Savoir à qui faire de la lèche, qui impressionner, qui corrompre, aussi bien que qui est à éviter et qui pourrait bien posséder les informations, ou encore qui prend les étrangers pour des imbéciles ; toutes ces choses peuvent être observées et mises en œuvre lors d’un grand repas.

Les bonnes manières dans un environnement sauvage

"L’hospitalité est une pierre angulaire du mode de vie arabe. Il est courant qu’une famille syrienne, particulièrement si elle habite dans le désert, accueille les étrangers chez elle. La tradition s’est développée à partir de la vie difficile dans le désert – sans nourriture, ni eau, ni protection contre les étrangers, la plupart des voyageurs mourraient. Partout où vous allez en Syrie, vous aller probablement entendre le mot tafaddal (qui se traduit grossièrement par bienvenue) et vous serez souvent invité chez les gens pour manger ou pour une tasse de thé."[lien mort]

Dans un environnement aussi dur et impitoyable que le désert, les bonnes manières et les mœurs qui encouragent l’hospitalité et la générosité peuvent devenir une question de vie ou de mort pour un voyageur. Dans certaines communautés musulmanes, surtout chez les bédouins du désert et des régions sauvages, la coutume de l’hospitalité envers un voyageur étranger a presque force de loi. Il y a des variations, comme la « règle des trois jours », qui exige de l’hôte d’être agréable et généreux, mais seulement durant trois jours. Ensuite, l’invité est considéré comme impoli et égoïste s’il continue à abuser de son hôte.

L’hospitalité signifie généralement trois choses. L’invité reste dans la tente de son hôte. On le pourvoit en nourriture et boisson (d’habitude de l’eau ou du thé). On prend également soin de ses animaux. Si l’hôte est particulièrement riche, les trois jours d’hospitalité peuvent être un prétexte pour démontrer son opulence et bâtir sa réputation, à la fois pour sa générosité et son importance. Tuer et servir un agneau ou un veau, offrir au voyageur des vins et des fruits de valeur, faire servir tout le dîner par des serviteurs, sont plusieurs manières de transformer l’hospitalité de base en un spectacle des plus extravagants.

Dans certains groupes, la coutume d’hospitalité est si forte qu’elle est exigée même si le voyageur est votre ennemi. C’est un exemple où l’invité ne voudra certainement pas rester plus que les trois jours !

L’invité a aussi des obligations. Parfois, celle de raconter des histoires et d’amuser (et d’instruire) son hôte. Parfois, on attend de lui un cadeau à la fin des trois jours. S’il a été agréable et que son hôte est très poli, l’invité peut repartir avec des vivres pour lui-même et ses animaux, et peut-être même avec un présent de la part de l’hôte.

Encore une fois, l’eau et les vivres sont synonymes de vie. « Rompre le pain » avec quelqu’un signifie plus que simplement partager un repas. Un invité dans votre maison peut avoir une forte influence sur votre famille. Le voyageur peut être un voleur, un assassin, ou un voyou. L’hôte peut également en être un ! La loi peut être en contradiction avec la coutume ; que doit faire un hôte respectable si le voyageur est recherché par les autorités ? Lui donner refuge, comme la coutume le demande, ou le dénoncer, comme l’exige la loi ?

Ce type de code social s’est plutôt développé dans les environnements difficiles des déserts, mais il pourrait être extrapolé à n’importe quel environnement hostile, où les voyageurs peuvent être en danger sans l’hospitalité des autres. Par exemple, un univers de jeu avec une région de nombreuses petites îles pourrait avoir développé une telle pratique, car voyager entre les îles est dangereux et il n’y a aucun moyen de ravitailler un navire entre deux. Les personnages peuvent facilement offenser leur hôte s’ils ne se renseignent pas sur les limites de l’hospitalité, ou s’ils violent une règle considérée comme appropriée pour des invités (flirter avec la fille ou la(les) femme(s) de l’hôte peut entrer dans cette catégorie) ! Cela peut faire aussi une bonne accroche de scénario pour le MJ qui veut donner des indices aux personnages, ou une pièce d’équipement particulière, un sort ou une arme dont ils auront besoin plus tard. Souvenez-vous, si les invités fâchent leur hôte et sont priés de partir avant d’avoir obtenu l’objet en question, vont-ils revenir discrètement et le voler ? S’ils en arrivent à une telle extrémité, le bruit se répandra et ils pourraient avoir de gros problèmes pour trouver un refuge la prochaine fois qu’ils en ont besoin.

Peut-être l’hôte a-t-il une tâche désagréable à réaliser, et a demandé à ses invités de s’en charger pour lui en échange de son hospitalité. Peut-être une action qui ne rebutera pas des aventuriers, comme nettoyer un nid de bestioles, ou rester debout toute la nuit, trois nuits d’affilée, jusqu’à ce qu’ils puissent affronter le démon du désert qui ravageait ses troupeaux. Cela peut-être aussi quelque chose qu’ils n’aiment pas faire, comme assassiner un chef rival ou assister leur hôte dans un raid contre les troupeaux d’un autre groupe. Rappelez-vous des liens subtils créés par la relation invité - hôte. Les personnages peuvent souhaiter simplement dire « non », et s’en sortir ainsi, mais le fait qu’ils aient été sauvés et bien traités par quelqu’un qui ne les connaissait pas devrait les plonger dans l’embarras.

Si cela ne marche pas, remuez le couteau dans la plaie. Faites clairement apparaître qu’on s’attend à ce que les invités se soumettent à leur hôte, que celui-ci a dépensé beaucoup de biens et de temps pour les nourrir et s’occuper d’eux, et qu’il pourrait répandre des rumeurs sur leur ingratitude et leur hypocrisie en tant qu’invités. Ensuite laissez les joueurs décider si leurs personnages restent fidèles à leur morale (et en subissent toutes les conséquences) ou se dégonflent et cherchent à justifier leur accord (et en subissent toutes les conséquences) !

Celui qui contrôle l’Epice

« Les épices exotiques jouent un rôle dans la civilisation depuis plus de 5000 ans. Les épices ont été utilisées non seulement pour ajouter de la saveur à la nourriture, mais aussi comme médicaments et produits de beauté. Historiquement, les épices ont été une denrée de valeur, ayant pour conséquences des batailles entre pirates et marchands pour la possession d’un butin aussi rare que l’or ».[lien mort]

Il y a plusieurs choses importantes à se souvenir à propos des épices. La première est que la réfrigération est une invention relativement récente. Les épices étaient en partie utilisées pour couvrir le goût des plats (en particulier les viandes) qui avaient commencé à rancir. Deuxièmement, les épices étaient supposées avoir des vertus médicinales, et étaient également recherchées pour ces raisons. Nombreux sont ceux qui y croient encore aujourd’hui, et il y a même certaines preuves de ces propriétés ! Troisièmement, les épices sont des produits consommables ; ce qui signifie que la demande sera aussi importante, sinon plus, l’année prochaine que cette année. Cela offre de grandes opportunités commerciales aussi bien en terme de fourniture, de transport, de distribution que de vente au détail.

Je m’aperçois que la plupart des joueurs adorent interpréter des personnages qui capturent un navire rempli d’un trésor… et par trésor ils entendent de l’or, des rubis, des diamants et consorts. Mais, il y a encore quelques siècles, nombre des cargaisons les plus riches traversant les mers étaient des transports d’épices. De plus, les routes des épices qui conduisaient ce produit périssable et consommable aux dizaines de millions de consommateurs européens depuis des lieux lointains et exotiques (comme l’Inde, la Chine et l’Afrique) étaient formidablement lucratives. Si lucratives, en vérité, que des guerres ont éclaté à cause d’elles et que des fortunes furent construites à partir du commerce de l’épice.

« A la fin du XVIIIème siècle, les Américains entrèrent dans le commerce de l’épice. Le commerce du poivre créa les premiers millionnaires en la personne des capitaines des bateaux à poivre. » [lien mort]

Un MJ pourrait introduire une épice aux propriétés d’ouverture de la conscience quasi magiques (à la Dune). Ou peut-être a-t-elle des propriétés curatives globales, mais doit être prise de façon continue (comme le ginseng, mais en mieux). Elle pourrait avoir des utilisations psycho-pharmacologiques, provoquer des visions chez les shamans, calmer les accès violents d’un maniaco-dépressif. Elle pourrait être également une lubie passagère que les riches encouragent et que les pauvres imitent, tandis que les marchands ne font que s’enrichir.

Les premiers thèmes à évoquer lorsqu’on introduit une épice dans une campagne sont les suivants:
C’est un produit consommable, donc le besoin va augmenter au fur et mesure que de plus en plus de gens commencent à l’utiliser et que la « fidélisation » est grande. 
Plus elle est rare, plus elle a de la valeur, et la rareté est fonction d’une production limitée (peut-être ne pousse-t-elle que dans un environnement/île/planète/vallée spécifique) et des difficultés de transport (au XVIIIème siècle, une cargaison de poivre mettait deux à trois ans pour arriver en Amérique). 
Enfin, son utilité : à quoi sert-elle (à préserver la viande ? elle a bon goût ? à guérir des maux ? à étendre la conscience ? comme éléments d’un rituel religieux/magique ?)

On devrait aussi se souvenir que les épices proviennent d’une variété de sources et nécessitent diverses phases de traitement. Elles peuvent venir de l’écorce d’un arbre (comme la cannelle), d’une fève (comme le cacao ), d’une racine (comme le gingembre), ou d’une feuille (comme la menthe poivrée), ou encore dans une campagne plus exotique, elle peut venir d’un insecte ou d’un animal, ou peut-être d’une glande particulière ou d’une sécrétion humaine. 
Quant à la préparation, elle peut être aussi simple que de lancer quelques feuilles de menthe dans une salade, jusqu’à l’extraction des huiles essentielles du cacao pour les inclure dans le chocolat, en passant par l’infusion avec de l’eau chaude comme pour la plupart des thés, ou le filtrage d’eau chaude comme pour les grains de café torréfiés et moulus.

De plus, les aventuriers peuvent : protéger une route des épices, piller une cargaison d’épices, se lancer en quête d’une nouvelle route commerciale, trouver les ingrédients spéciaux pour la préparation d’une épice rare ou même livrer une épice aux dons curatifs à une personne d’importance qui en a désespérément besoin. Souvenez-vous, les épices sont souvent synonymes de richesse et de voyages dans des contrées exotiques. Deux éléments qui font déjà partie du lot de la plupart des aventuriers. [NdT2]

Digestif

Je me suis rendu compte que c’était le plus petit des plus petits articles qui pouvait être écrit au sujet de la nourriture et des repas et de comment les appliquer aux JdR. J’ose espérer qu’il allumera une étincelle de créativité dans l’esprit des MJ et des joueurs ; et qu’ils y trouveront de nouvelles façons originales d’utiliser la nourriture et les repas comme des opportunités de roleplay et d’intrigues.

Bon Appétit! [En français dans le texte !]


[NdT2] La course aux épices connut bien des périples, dont celui de Fernand de Magellan. Ce Portugais naturalisé Espagnol entreprit de rejoindre les îles aux épices des Philippines par l’ouest en 1519. Durant ce voyage de près de trois ans, il endura la guerre (il était en compétition avec les Portugais), les tempêtes (au détroit dit aujourd’hui « de Magellan ») et les naufrages, les mutineries, la faim et la soif (il avait sous-estimé la taille de l’océan qu’il nomma « Pacifique »), les résistances indigènes (Magellan meurt d’une flèche empoisonnée). L’expédition ayant perdu 4 bateaux sur 5 et 219 de ses 240 membres, se révéla pourtant profitable : la vente des clous de girofle du seul navire revenu rentabilisa largement l'investissement dans toute l'expédition! Un exemple bien réel pour tous les rôlistes en quête d’aventures ! Ce site donne envie d'en faire un scénario.


Stephen –runester- Jarjoura commença le jeu de rôle avec Star Frontiers de TSR qui fut suivi du Champions! de Hero Games. Cette introduction aux JdR non-fantasy l’a marqué pour toujours, lui plantant dans le cœur la semence du goût pour « quelque chose de différent » dans le domaine du jeu de rôle. Telle une voix (presque) solitaire appelant à l’aide pour jouer à The Window ou à Sorcerer dans une étendue sauvage infinie de suppléments d20… il continue du mieux qu’il peut.

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Traduit par Antoine Drouart. Tiré de PTGPTB n°24, avec l'aimable autorisation de Steve Darlington. Aucune reproduction n'est permise sans l'accord de Steve Darlington. "Places to Go, People to Be" et "PTGPTB" sont aussi sous copyright. La version originale  peut être consultée sur le site de PTGPTB.