[NdT1 : un combattant des rues cyber-amélioré.
Voir The
Way of the Street Samouraï sur les Shadowforums]
[NdT2 : film de SF-action
de 1985, dont le héros se nomme Jack Deth] |
Tout a commencé de façon assez innocente. C’était
une partie de Shadowrun.
Nick, mon meilleur ami, était le MJ. Ceci n’affectait pas son jugement,
puisque cela fait plus de quinze ans que nous sommes un groupe d'amis. Je me
suis décidé pour un Street Samouraï [1] - j’avais juste regardé Trancers
[2] une fois de trop.
Je l’ai appelé Jack Deth. Je vous emmerde. Vous avez fait pire.
Je me vois comme un vrai rôliste. Les stats sont importantes, mais j’aime
créer des personnages, genre ceux dont on se rappelle des années après. Ils
ne doivent pas forcément être réalistes - Jack ne l’était sûrement pas
- ils ont juste à être complets, étoffés, et dans ce cas, un sacré
enfoiré.
Jack a grandi avec la création de personnage. Il avait une profonde voix de
basse, genre celle que tu développes seulement après avoir fumé des
cigarettes sans filtre pendant des années et après des ponçages réguliers
de la paroi de l'oesophage. Il était cyber à l’extrême, il en avait le
look, et il en avait l’attitude. Si j’avais à le dessiner, faudrait
imaginer Duke Nukem, mais sans la féminité.
Jusque là, tout va bien. Jack avait du matos : son Remington “Nettoyeur de
pièces” préféré et son armure de combat de pointe pour les face à face
compliqués. Il avait aussi une moto et, rétrospectivement, c’est là que
tout a commencé à aller de travers.
On s’est laissé emporter. On a ajouté un blindage à une vieille Harley de
série, dopé le moteur et monté un canon pour moto et des lance-roquettes.
Malheureusement nous avons aussi ajouté un ordinateur de bord. Vous pouvez
imaginer où tout ça va nous mener ?
Nick est tombé amoureux presque autant que moi de JD. La moto devint
semi-consciente. J’ai ajouté un mécanisme d’appel à distance, afin que
si je me mettais dans les ennuis, je pouvais appeler la moto, dans le plus pur
style Judge Dredd. Ce putain de truc était mon fidèle compagnon, mon
meilleur ami. Les autres membres du groupe n’étaient pas autorisés à s’en
approcher.
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[NdT3 : Les
Dragons sont les êtres les plus puissants de l'univers de Shadowrun] |
Une fois que le combo-de-la-Moto-de-la-Mort-de-Deth
était en place, c'était fini. Soudainement, le personnage était devenu si
cool que Nick ne voulait plus le niquer. Cela arriva à un stade où Jack fit
face à un Dragon [3], avec une main dans le dos. Cela devait cesser. En tant
que personnage, Deth était cool. En tant que membre d’une équipe, ses
chevilles devenaient vite trop grosses pour ses bottes.
Alors que faites vous? Un de vos joueurs a créé un personnage mémorable
avec un style et une attitude qui collent au jeu et vous trouvez que vous avez
perdu votre impartialité au cours de la campagne. Vous ne voulez pas que le
personnage échoue et puisque vous êtes Dieu, devinez quoi ? Il n'échoue
pas.
Nick eut la solution idéale. Il s'aperçut que Jack déséquilibrait le jeu.
Il vit les erreurs, que la moto était sacrément trop puissante, et que Jack
menaçait de déborder l’équipe.
Le problème est qu’il ne pouvait pas soudainement commencer à diminuer
Jack. Il y avait déjà des précédents. Il ne voulait pas tuer Jack, parce
que ça aurait été injuste. Je ne m’étais pas mal comporté, après tout.
J’avais simplement joué le personnage à fond et Nick avait encouragé ça
et permis à Jack de devenir le monstre qu’il était. Alors il fit ce que
chaque bon maître du jeu devrait faire une fois de temps en temps.
Il a baisé Jack, sans pitié.
Nick s’arrangea pour que Jack emmerde un chef Yakuza. Ceci mènerait même
Deth à s’en inquiéter. Les Yakuzas envoyèrent un assassin aux trousses de
Deth avec pour instruction de lui refaire le portrait, à petit feu.
L’assassin commença par abattre les contacts de Jack, remontant jusqu’à
des amis proches et des PNJ alliés. Il laissa des messages taquins, fit
foirer les contrats de Jack, tortura et assassina quiconque assistait Jack.
Il me harcela et me provoqua jusqu’à ce que j’aie enfin la chance de
mettre la main sur ce petit bâtard gluant. Nick le joua à la perfection.
Jack était si en colère qu’il courut droit dans un piège et Nick livra le
coup de grâce.
Il fit sauter cette putain de moto.
Pas seulement la moto, mais aussi la majeure partie de Jack avec. Au revoir
moto. Au revoir cybernétique personnelle. Bonjour Centre Salford pour Les
Personnes à Mobilité Réduite Permanente. Jack fut privé de virtuellement
tout sauf son attitude et ensuite reconstruit, toujours cool, mais un ton plus
bas. Moins indestructible, juste plus méchant (l’amour de sa vie lui
manquait, après tout).
Que nous dit cette histoire ? Pas grand-chose. Mais ça a passé le temps.
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