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Cette diatribe était censée porter sur le manque de
scénarios pour certains systèmes et univers de jeu. Mais quand j’y ai
regardé de plus près, ça s’est avéré un peu plus compliqué. Alors avant
de diatriber correctement, je vais vous proposer un petit quiz.
Faites moi plaisir.
Je vais vous donner le titre d’un supplément pour Aberrant, de White
Wolf.
Aberrant: Year One [Aberrant: An Un]
Maintenant que pensez- vous trouver dans ce livre ?
Penseriez-vous que c’est un supplément qui décrit les événements se
déroulant lors de la première année de la chronologie du jeu ?
Vous auriez tort. Voici la description de la quatrième de couverture :
Ce supplément décrit le monde d’Aberrant tel qu’il est en 2008. Une
série de villes à travers le monde, ainsi que de dangereux objets
technologiques, donneront aux personnages tous les points chauds et les
allumettes avec lesquels ils pourront jouer.
© 2000 White Wolf Publishing Inc
C’est en fait un supplément décrivant le monde d’Aberrant en
2008. Y sont décrites des villes comme Moscou, Addis Abeba, Mumbai, Los Angeles
et Tokyo, ainsi que quelques objets.
Une autre question ?
"Aberrant Worldwide (Phase I: A Worldwide Sourcebook for Aberrant)"
[Aberrant à travers le monde (Phase I: un supplément mondial pour Aberrant)]
Il semble que ce titre aurait pu être adapté au livre ci-dessus (c’est-à-dire
une description du monde d’Aberrant), mais visiblement c’est impossible.
Voici sa description :
Le monde n’est pas statique. Il tourne. Il change. Avec l’intrusion de l’influence
des Novas dans les plus hautes sphères du pouvoir, le monde a connu une
Révolution quantique. Le projet Utopia nous a amené dans un nouvel âge d’or
de glamour, d’héroïsme et de progrès. Mais il y a un problème.
Quelques uns des nouveaux héros de ce monde sont ses démons. D’autres sont
ses politiciens. Les plus vigilants sont nerveux… comme ils devraient l’être.
Aberrant Worldwide sonne le début de la fin de l’âge d’or des novas et
[porte le] murmure de sombres prédictions pour les temps à venir.
© 2000 White Wolf Publishing Inc
Vous devriez maintenant être plongés dans la plus totale confusion, alors je
vais vous mettre dans la confidence. Il contient une mini-campagne de quatre
scénarios reliés. Évident, non ?
Alors maintenant j’ai un thème un peu plus vaste pour ma diatribe :
« Pourquoi y a-t-il autant d’univers et de systèmes qui aient si peu de
scénarios publiés, et pourquoi, même quand des scénarios sont publiés,
faut-il les déguiser comme des suppléments ? »
L’explication officielle de l’industrie du jeu
Je peux commencer par vous donner l’explication généralement acceptée par
les professionnels eux-mêmes. Je l’ai entendue à la convention KillerCon ’99,
alors que j’assistai à une conférence de James Wallis, patron de Hogshead
Publishing, qui édite entre autres Warhammer sous licence
Games Workshop.
Je dois souligner qu’à ce moment, James se contentait de répondre à une
question de l’assistance et expliquait pourquoi beaucoup de boîtes ne
publiaient aucun scénario. Mon but n’est pas de le critiquer personnellement.
En fait, Warhammer, le Jeu de Rôle Fantastique (WJDRF) a une bonne
quantité de scénarios (un de mes groupes a passé récemment quinze bons mois
à jouer avec ferveur une campagne de WJDRF en n’utilisant que des scénarios
publiés, et nous en avons encore un bon nombre à jouer).
L’explication se résumait à ceci:
Un groupe de jeu type comprend un meneur de jeu et plusieurs joueurs. Si vous
publiez un supplément, disons un « Guide des personnages elfes », tous
les joueurs qui jouent un elfe vont l’acheter. Si les joueurs ont plusieurs
personnages, il peut même arriver qu’ils en achètent tous une copie.
Mais si vous publiez un scénario vous n’en vendrez qu’une copie à ce
groupe de jeu, au meneur (à moins qu’un des joueurs soit un foutu tricheur).
Par conséquent, un scénario se vendra moins et vous rapportera moins qu’un
supplément standard.
Cela semble une explication assez rationnelle, et je pense qu’elle décrit
pourquoi de nombreux jeux n’ont pas grand chose en termes de scénarios. Cela
explique aussi pourquoi certains scénarios sont commercialisés plus comme des
suppléments.
Et, dans une certaine mesure, c’est vrai. Mon autre groupe s’est pleinement
impliqué dans Aberrant (qui est un jeu plutôt bon) et à la fin nous
avions tous une copie du livre de règles, du guide du joueur et de plusieurs
autres suppléments.
Mais est-ce sur le long terme une bonne approche pour une maison d’édition ?
Et bien personnellement je pense que non.
AVERTISSEMENT: Je ne suis pas un professionnel du jeu. Je n’ai jamais
publié un jeu de rôle, ni travaillé pour une entreprise de jeu de rôle. En
fait, je suis ici probablement complètement à côté de mes pompes.
Je conçois le fait que les entreprises fassent plus d’argent sur un
supplément que sur un scénario. Mais je crois qu’elles devraient considérer
les scénarios comme des produits d’appel vendus à perte pour le bien de leur
gamme de JdR.
Prenez mon cas:
Ces cinq derniers mois j’ai maîtrisé une campagne de Donjons &Dragons
3ème édition.
Est-ce que je considère que D&D est le meilleur JdR sur le marché
actuellement ? Non. Je pense qu’il a fait pas mal de progrès par rapport à
ses prédécesseurs, mais ce n’est pas selon moi, le meilleur système, loin s’en
faut.
L’Héroic-Fantasy est-elle mon genre favori ? Non. En fait, ça fait partie
des genres que j’apprécie le moins. Je préfère en général les super-
héros et la science fiction.
Alors pourquoi ai-je choisi D&D3 ?
Parce que notre MJ régulier avait besoin de faire une pause, usé qu’il
était après 15 mois de Warhammer, et je me suis porté volontaire pour
prendre mon tour. Connaissant mes contraintes de temps, je savais que j’avais
besoin que quelque chose que je pourrais maîtriser facilement - sans avoir
vraiment à travailler entre les sessions. Si vous choisissez D&D,
vous savez que vous aurez à disposition littéralement des douzaines de
scénarios (en réalité, avec l’Open License, ça frise plutôt les
centaines maintenant) dans un format et avec un style qui les rendent faciles à
maîtriser.
Alors j’ai commencé ma campagne (Trois hobbits sur des chiens… Ça n’est
pas vraiment sérieux).
Ce qui signifie que j’ai fini par acheter le Manuel des joueurs, le Guide
du Maître, le Manuel des Monstres, le Manuel des Psioniques,
le Guide de Création de Personnage, le Guide des Moines et Guerriers
(et les magazines Dragon, Dungeon, et un paquet de scénarios).
C’est en partie parce que je suis un pigeon pour tout ce qui est de
collectionner des trucs. Mais c’est aussi parce que je maîtrisais la
campagne.
Je n’ai pas choisi D&D parce que je pensais que c’était le
meilleur. Je l’ai choisi pour le soutien qu’il apporte au meneur, sans qui
il ne se passerait rien.
Qu’en pensez vous, les gars ?
Jae nous a écrit à propos de « Bel univers de jeu… Et que diriez-
vous de
quelques putain de scénarios ? »
Hello
Sympa cet article.
Bien que j’aime les suppléments qui en jettent, le manque de scénarios
dans certaines gammes de jeux de rôles me met aussi les boules (T’écoutes,
White Wolf ?!?). Tout particulièrement parce que mon groupe de joueurs est du
genre ConteurTM psychorigides qui se crispent dès que j’essaye de
baratiner des trucs. Ils aiment les scénarios détaillés, vous savez de ceux
qui prennent un sacré bout de temps à préparer. Alors j’ai beaucoup de
sympathie pour les points que vous évoquez.
D’ailleurs, excellente conclusion sur les maisons d’édition qui
devraient mieux soutenir les meneurs. « je crois que les éditeurs devraient considérer
les scénarios comme des produits d’appel vendus à perte pour le bien de leur
gamme de JdR.… « Je l’ai choisi [D&D] pour le soutien qu’il apporte
au meneur, soutien sans lequel il ne se passerait rien. »
Une des solutions que j’ai vues est de publier des .pdf téléchargeables
qui ont peu de frais d’édition et aucun coût de production. Le site The
Babylon 5 Red Sector a quelques scénarios [pour Babylon 5 RPG] que j’essaye de convertir à
Trinity.
[NDLR] Les PDF pourraient être une très bonne solution au problème.
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